Les épisodes de gel que nous avons subi traduisent encore une fois les conséquences du changement climatique. La récurrence des aléas – en particulier gel et grêle, mais aussi le mildiou, conséquences de printemps très pluvieux (2018, 2020) – met à mal les trésoreries des exploitations et fragilise leurs capacités commerciales du fait du manque de vins qu’elle génère. La crise des vins de Bordeaux est directement liée au gel de 2017 – nous étions l’une des régions les plus touchées – même s’il n’en constitue pas la seule cause. Face à cette nouvelle donne, nous devons nous adapter.

Je tiens à souligner la prise de conscience par l’État de l’importance de cette catastrophe climatique et l’engagement financier qui l’accompagne (un milliard d’euros pour l’agriculture), tout en restant prudent sur sa réalisation.

C’est en 2022 et 2023 que l’impact du gel se fera sentir sur nos trésoreries et nous aurons besoin d’un accompagnement dans la durée. Au-delà de cet effort financier, ce nouvel aléa nous amène à relancer le chantier de l’amélioration de la résilience des exploitations viticoles. Celui-ci s’appuiera sur plusieurs volets complémentaires :

  • Un volet assurantiel, en premier lieu. Il faut revoir le modèle basé sur la moyenne olympique ou triennale du rendement assurable qui ne permet plus de prendre en compte les coûts de production, et constitue aujourd’hui un frein à l’assurance multirisques climatique malgré les subventions dont elle bénéficie. Rendre le dispositif attractif et abordable est la condition pour une meilleure couverture des risques.
  • Un volet « volumes » avec le VCI. Le dispositif a été amélioré après le gel de 2017 (hausse du plafond annuel constituable et du plafond cumulable à l’ha, élargissement des appellations éligibles). Les dernières récoltes ne nous ont pas permis d’en constituer suffisamment (près de 270 000 hl aujourd’hui en stock en Gironde).
  • Un volet fiscal. L’amélioration du dispositif de la Dotation pour épargne de précaution (DEP) qui permet de constituer des réserves financières exonérées d’impôts, mobilisable en cas de coup dur, afin de la rendre accessible aux exploitations sous forme sociétaire.

Ces différents volets, qui constituent notre feuille de route pour les prochains mois, doivent être complétés par une réflexion et des actions à plus long terme. Pour assurer la subsistance de nos exploitations et les rendre attractives pour les générations futures.

Jean-Marie GARDE, Président de la FGVB